Isabelle, infiniment


DERNIER RENDEZ-VOUS À L’OLYMPIA, tel est le nom du nouveau disque d’Isabelle Aubret, enregistré boulevard des Capucines à l'automne 2016. Trente-deux chansons composent ce petit coffret de deux CD enrichi d'un DVD grâce auquel on peut admirer le sens de la scène et l'élégance de cette magnifique interprète engagée d’amours et de combats rouge coquelicot dont elle ne s’est jamais défaite. Vêtue de blanc, puis de noir, Isabelle, 78 ans sous le soleil, chante comme une jeune femme avec tant de finesse, de force et de nuance que c’en devient bouleversant. Que propose-t-elle ici, après cinq décennies de carrière? Une dizaine de standards signés Ferrat (Potemkine, Je ne chante pas pour passer le temps, Ma France, La Montagne, C’est beau la vie…), sept pépites de Claude Lemesle, dont la chanson d’ouverture, sur le trac de l’artiste (L’Olympia), et le morceau de fin (Dans les plis rouges du rideau), quatre chefs-d’œuvres de Brel (La Fanette, bien sûr, mais également Amsterdam, La Quête et Le Plat pays), trois bijoux de Chelon (citons La Belle endormie, poignante, sur les attentats de janvier 2015 contre Charlie Hebdo) et cette merveille de Debronckart, Je suis comédien, que chantait si bien Cora Vaucaire. Bref, un répertoire en or marqué d’innombrables poinçons auquel Isabelle Aubret parvient encore à donner l’éclat du neuf. Une leçon qu’il faudrait montrer aux apprenties vedettes qui défilent en rang d’oignons devant des jurés en perdition simulant – mais c’est pour cela qu’on les paie – l’émerveillement...

Baptiste Vignol