Rien de nouveau


Aujourd'hui 5 février 2011 dans le Parisien, Emmanuel "The référence" Marolle assure, pour parler de son dernier coup de cœur, L'AN DEMAIN, le nouveau (bon) disque des Têtes Raides: "Le groupe a essuyé les plâtres d'une chanson française qu'on ne disait pas encore nouvelle [il y a une vingtaine d'années] ". Pardon ? Pas vous, Emmanuel ! On a compté, et vous le savez bien, plusieurs vagues de "Nouvelles chansons françaises" depuis que ce terme fut inventé en 1976, ou 1977, pour évoquer de jeunes talents qui, à l'époque, s'appelaient Gilbert Laffaille, Yvan Dautun, Isabelle Mayereau... La soi-disant nouvelle chanson française à laquelle vous faites allusion, et qu'aurait devancée la formation de Christian Olivier, fut estampillée "néo-réaliste", "à texte" ou "minimaliste" afin de regrouper sous la même étiquette des artistes aussi différents que Miossec, Clarika, Mathieu Boogaerts ou Dominique A, mais qui partageaient le fait de s'exprimer dans la langue de Gainsbourg dont ils se sont tous réclamés. Viendrait ensuite une énième SNCF (soi-disant nouvelle chanson française) tractée par Bénabar, Delerm, Jeanne Cherhal et Camille...
Il n'y a pas plus de "nouvelle chanson française" que de bonnes chansons dans le premier disque de Zaz ! Parle-t-on d'un "nouveau cinéma français" tous les dix ans passés ? Agaçant ce besoin d'accoler à la rengaine le goût d'une (salutaire) nouveauté pour faire croire qu'elle serait de meilleure qualité.
Sinon, l'image of the week est signée Sophie Delassein dans Le Nouvel Observateur pour liquider, et en beauté, le CD de Claire Keim, OÙ IL PLEUVRA - qu'adore Emmanuel Marolle : "Ses chansons glissent comme de l'eau salée sur une peau au monoï." Sexy.

Baptiste Vignol